Entre mère, fils et ânes. Le retour, 22 février 2019

Nous quittons notre lieu de bivouac sous le soleil, la journée promet d'être superbe.

Pour repartir, nous avons 3 solutions. Passer un pont en bois, traverser une départementale très fréquentée, prendre le canal sur quelques centaines de mètres puis rejoindre la petite route. Prendre un petit sentier jusqu'à la départementale, essayer de la traverser rapidement sans visibilité, rejoindre la petite route. Ou s'engager entre des maisons, rejoindre une petite route, traverser la départementale avec une bonne visibilité. Pour des raisons évidentes de sécurité, je choisis cette dernière solution.

Mais cette fois, à l'inverse d'hier, on doit passer sous la 4 voies. Et il y a de la circulation ce matin ! Un bruit d'enfer ! En plus, le pont n'est pas large et pas mal de voitures en bas aussi. Ça va, les gens sont sympas et souriants, ils ralentissent et s'écartent dès qu'ils nous aperçoivent, c'est agréable. Il fait maintenant un temps magnifique, contraste étonnant avec la nuit dernière et le début de matinée. Les ânes sont un peu inquiets avant le pont, je leur laisse le temps d'écouter et regarder. Et on y va. Ça trotte un peu juste à la sortie, et libérés, délivrés, on est passés !

La petite route est agréable, les voitures ne roulent pas vite, les conducteurs nous font coucou, le premier village est plein de vie. Des chiens, des chèvres, des poneys, des moutons, des humains qui bricolent dehors. Personne ne bouge une oreille, je suis fière de mes ânes. Je suis fière aussi de Thibault, de ce qu'il fait avec Ballotine, de son aisance à la guider et l'écouter. Je tiens la longe par principe, mais il n'en a pas besoin.

Après une petite pause, on attaque un long chemin. Roméo est collé derrière Ballotine, il joue avec sa queue. Il est marrant, on dirait qu'il a randonné toute sa vie.

Comme on est tranquilles, j'ai bien envie d'essayer un truc... J'attache le bout de sa longe à son bât, et je le laisse faire. Petit âne est génial ! Il suit la marche, n'essaie même pas de s'arrêter manger. Il choisit où il marche, est attentif à ce qu'il fait. Ballotine me suit, Roméo suit Ballotine, que demander de mieux ? Cette rando est décidément pleine de belles surprises...

Je reprends tout de même les longes lorsqu'on retourne sur la route. Les gens sont de sortie ce vendredi... J'ai pris l'habitude de dire "voiture", quand j'entends que ça approche. Et j'ai constaté que dès que je le dis, mes ânes se décalent sensiblement vers la droite. Mine de rien, malgré leur air endormi, ils sont vraiment à l'écoute. Ça comprend tout ces grosses bêtes !

Ils ne bougent pas quand on se fait doubler, alors que la route est étroite. Même avec la meilleure volonté du monde, les voitures ne peuvent pas laisser le mètre cinquante obligatoire de distance de sécurité entre nous et elles. Mais se faire quasiment frôler n'a pas l'air de les perturber, et c'est un très bon entraînement.

Je crois qu'ils ont confiance en moi...

Roméo me fait un petit sketch... Il se retrouve sur un trottoir et... ne réussit pas à en descendre ! Un minuscule trottoir de 10 centimètres ! Un joli piaffer, un ronflement, et il passe les deux antérieurs en même temps. Oulà doudou, c'était très très haut ! Bon, c'est pas comme s'il y avait 6 ou 7 personnes à nous regarder hein... La réputation des ânes va encore en prendre un coup !

Dernier chemin avant d'arriver. Des chevaux attachés nous accueillent sur le bord, sous l'indifférence quasi totale des ânes. Je lâche à nouveau Roméo, j'ai confiance en sa détermination à suivre sa Titine.

J'ai hésité entre ce chemin et un détour par la route. Au bout, il y a un palis de pierre, au dessus d'un fossé rempli d'eau qu'ils connaissent seulement en sens inverse. Dans les débuts avec Ballotine, les rares fois où j'avais essayé dans ce sens, elle n'a pas voulu. En face, le chemin est sombre, bordé d'arbres, et on voit à peine le jour au bout. Peut-être pour ça. Mais là, j'ai envie d'essayer. Motivée par leur bonne volonté depuis la veille.

Ballotine passe sans problème, son petit cavalier sur le dos. Quant à Roméo... Rien ne vaut l'explication en vidéo !

https://youtu.be/k5a6n3ND9GE

Le chemin va bientôt se terminer. C'est passé trop vite. Thibault me dit qu'il voudrait que ça continue encore, et moi je traîne la patte... On fait durer autant que possible ces derniers mètres.

Je vais finir ce récit sur le dernier fou rire de cette rando.

On s'arrête, Thibault descend de selle, envie urgente de pipi. Ballotine se met à côté de lui, même envie pressante. Roméo s'aligne avec eux, et idem. Les 3, en rang, en train d'arroser le sol, ça aurait mérité une photo qui serait restée dans les annales ! Petit moment sans vraiment d'importance mais qui m'a fait mourir de rire et qui résume bien la cohésion de groupe qui planait sur ces deux journées...

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