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J5, 17 avril 2019. De Fégréac vers Guenrouet.

  • Photo du rédacteur: Jaeger & Compâgnie
    Jaeger & Compâgnie
  • 4 mai 2019
  • 6 min de lecture

Dernière mise à jour : 23 août 2020





Mon réveil sonne de bonne heure. Et oui, j'ai préféré le mettre car, en bivouac, la règle est de quitter les lieux (proprement et sans trace de notre passage) avant 9h du matin. Et quand on marche avec des ânes, le rangement prend un peu de temps : plier et ranger le matériel, équilibrer les sacoches, panser et bâter les doudous. Aujourd'hui je leur mets leurs franges chasse mouches, il fait déjà chaud et nous sommes assaillis par les insectes.



Nous aurons une petite journée, le camping de ce soir n'est qu'à une petite quinzaine de kilomètres. Par le canal, pas de risque de se perdre...

Seuls risques, le revêtement du halage, pas très agréable pour les doudous, c'est là que je pourrai voir si leurs pieds sont en bonne santé. Et le côté rectiligne qui pourrait être lassant.



En partant, on croise un monsieur, très gentil, qui me demande pourquoi j'ai pris un âne de rechange... Et oui, souvenez-vous, à partir d'aujourd'hui Roméo ne porte que son licol. L'expression "âne de rechange" que ce monsieur emploie me donne l'irrésistible envie de lui répondre que comme ça, si mon ânesse claque en route, je peux continuer avec l'autre... Je me tais... Pas envie que ça soit mal interprété, il ne me connait pas, il pourrait croire que je suis sérieuse. Puis mettre tous les âniers dans le même sac.



On a déjà le droit assez régulièrement à des réflexions sur le fait que ces pauvres animaux sont bien trop chargés, qu'ils souffrent, qu'ils ont trop de poids sur le dos. La capacité des gens à peser à vue d'oeil m'étonnera toujours. Je pense qu'ils devraient exploiter ce don à des fins plus utiles. C'est bien connu, on voyage avec des ânes dans l'unique but de maltraiter ces animaux, et parce que le vélo, il faut pédaler. Certains croient à une solution de facilité. Ceux-ci n'ont certainement jamais eu l'occasion de s'occuper d'ânes à l'année, les nourrir, les éduquer, les soigner... Se promener avec et entreprendre des négociations avec ce moyen de portage tellement plus facile... Rester bloqué des heures devant trois planches de bois parce que le "vélo" ne veut pas poser ses petites roues dessus. S'inquiéter parce que le vélo a une éraflure.

J'en profite pour vous envoyer lire cet article de Stéphane Blaise, qui lui, contrairement à moi qui "débute", est un vrai voyageur avec son âne Marius (ils ont notamment fait un tour de France qui s'est terminé récemment, près de 3 ans de périple, une équipe extraordinaire) . Très bien écrit, ça résume tout (revenez me lire après avoir lu la totalité de ses voyages hein !) : https://heureuxquicommemarius.com/2018/02/vous-voulez-voyager-avec-un-ane-vous-ne-preferez-pas-un-velo/



Cette partie du canal est vraiment agréable. Ballotine a un bon rythme, Roméo qui suit en liberté passe son temps à manger puis nous rattraper. Jaeger se baigne, chasse le ragondin, court, retourne dans l'eau, il s'éclate.



Il me fait quand même une belle frayeur... Toujours le museau dans les trous de ragondin, arrive un moment où il s'engage dans un trou. Sauf que ce terrier est entre des grosses pierres et je ne vois que le bout de la queue de Jaeger dépasser. Je l'appelle je le vois bouger mais il ne sort pas. Je commence à paniquer, mon chien est coincé ! Je ne peux pas creuser et les pierres sont trop ancrées pour que je les bouge. Des gens sur la rive opposée sont aussi inquiets que moi. Je mets au moins 10 minutes, qui me paraissent une éternité, pour le dégager. Après le câlin de soulagement, j'explose littéralement. Je sais, ça ne sert à rien de l'engueuler, mais la pression prend le dessus. Je suis en larmes, j'ai cru ne jamais revoir mon chien ! On fait une pause pour que les nerfs se relâchent. Jaeger est tout penaud, il ne comprend pas vraiment pourquoi je suis dans cet état. Les ânes, qui restaient le nez au-dessus du trou, comme s'ils comprenaient ce qui se passait, en profitent pour grignoter. J'espère que je n'ai pas trop ruiné le moral des troupes !




Après être repartis, je passe mon temps à rappeler Jaeger pour ne pas qu'il s'éloigne. Et recommence... On croise plusieurs pêcheurs, j'échange quelques mots.



On trouve un joli coin pour la pause de midi. Je n'ai pas très faim, mais les loulous ont besoin de s'arrêter. Même s'ils ne montrent pas de fatigue, ni d'envie de s'arrêter, je nous impose des arrêts toutes les deux ou trois heures de marche. C'est important pour eux, hormis le repos, les équidés mangent régulièrement toute la journée en temps normal. La différence avec les chevaux, c'est que les ânes peuvent marcher toute la journée sans avoir besoin de boire. Évidemment, pas avec 40° sous un soleil de plomb. Mais dans des conditions météo moyennes, c'est rare qu'ils aient soif dans la journée. Je leur propose mais en général, ils n'y touchent pas. Jaeger, lui, même s'il ne montre pas de signe de fatigue, commence à profiter des pauses...



On reprend notre petit bout de chemin.

Je tente Titine sans longe, elle marche bien, mais continue à avancer lorsque je m'arrête parler avec des promeneurs. Elle est motivée ma puce !



Le paysage est toujours aussi joli. Il commence à y avoir du monde, on se rapproche de la ville...




On arrive à Guenrouet. Il nous faut passer le pont, une petite départementale, pour rejoindre le camping municipal.


Nous sommes accueillis par Christelle, l'une des personnes qui s'occupent du camping, et sa chienne, une jeune Beauceronne qui ne pense qu'à jouer avec Jaeger. Il est ravi, il s'amuse. Il y a encore peu de vacanciers, le camping a ouvert il y a quelques jours.




Un parc est déjà monté pour les ânes, le camping travaille en partenariat avec "Aux ânes etc", qui propose des ânes en location pour les randonnées.

Elle me propose un emplacement, mais je l'embête un peu en demandant à m'installer plus près de mes loulous. Je connais ma Titine, si elle ne me voit pas, du moins mon campement, elle s'inquiète. Le fait d'avoir Roméo à ses côtés n'a rien changé, il est pareil. C'est dingue ce besoin qu'ils ont. Ils sont ensemble mais ils doivent me considérer comme leur pilier. Tant que je suis là, à portée de vue et de voix, tout va bien.

Christelle est gênée en me disant qu'ici, les sanitaires sont assez loin et que je n'aurai pas l'éclairage. Ça m'est égal, déjà il y a des sanitaires ! Je m'installe donc dans l'immense espace, pas très loin de ma troupe.

Je branche ma clôture électrique sur le fil de leur parc, j'installe tout le monde, je vais régler le camping, et la soirée commence.



Aux sanitaires, en allant remplir mes bidons d'eau, Jaeger à mes côtés, je rencontre un monsieur avec son chien, un petit Boston terrier qui entreprend une partie de jeux en bout de laisse avec Jaeger. Le monsieur et sa femme font étape en camping car, ils font beaucoup de vélo. Ils se posent, partent en vélo visiter, puis changent d'endroit.

On papote un peu, et il me demande s'il pourra venir voir les ânes avec sa femme ce soir. Évidemment, sans aucun souci.


Après le repas, je suis en train de me badigeonner les pieds de miel de thym (j'ai changé de chaussures mais les plaies sont toujours là...) quand je les voir arriver. J'enfile vite fait mes salomon et je les rejoins, avec Jaeger, à côté de mes longues oreilles.

On discute un bon moment, ils adorent les ânes. J'ai oublié de leur demander leurs noms, j'espère qu'un jour ils liront ceci et me feront signe... Je suis nulle, je ne me souviens plus du nom de leur adorable petit Boston, tout ce dont je me rappelle c'est qu'il a 17 mois... On parle clôture, et pile au moment où je leur dis que je n'ai pas encore testé si le courant passe bien dans les fils déjà en place, Jaeger se prend un coup de jus lorsque sa queue touche... Bon ben, pas besoin de sortir le testeur, ça passe ! Mon nounours décide donc qu'il n'a plus envie de jouer avec le copain et va s'asseoir bouder une quinzaine de mètres plus loin.



Ils va faire noir, mes voisins rejoignent leur camping car, Jaeger entame sa nuit à côté de la tente, Ballotine ne fait que se rouler, Roméo fait une sieste. Un câlin à tout le monde, Jaeger et moi rejoignons la tente. Je calcule les kilomètres qu'on a à faire demain, on aura le temps, on pourra partir plus tard demain.







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