J4, 16 avril 2019. St Nicolas de Redon vers Fégréac
- Jaeger & Compâgnie
- 30 avr. 2019
- 6 min de lecture
Dernière mise à jour : 23 août 2020
Environ 15 km à parcourir aujourd'hui, ça va être cool.
Ça permettra de prendre notre temps comparé à la journée d'hier, un peu de repos. Et ma cheville et mes orteils me font souffrir ce matin.

Je ne veux pas partir trop tard car on est au bord d'une route, et les gens en voiture ont tendance à être assez indiscrets. Ça me dépasse un peu. C'est comme quand je suis dans le pré principal de mes ânes. Il est au bord d'une petite route, la haie dégarnie avec l'hiver, et les voitures ralentissent, regardent, souvent s'arrêtent et observent mais jamais un bonjour ni un signe, une sorte de voyeurisme que je ne comprend pas. Pour vivre heureux vivons cachés ? Possible, c'est assez déroutant de se sentir observé comme ça, ça me met mal à l'aise. En rando, c'est différent. Les gens viennent parler, même si ce n'est qu'un petit mot, c'est agréable. Il y a quand même ceux qui nous croisent, qui répondent rapidement à mon bonjour, et, quand je me retourne, je les vois en train de nous prendre en photo. Bon... Toutes les personnes qui m'ont demandé si elles pouvaient prendre une photo ont eu une réponse positive de ma part. Et les ânes, c'est pas mal de les voir de face !
Je m'égare... Je reviens à ce matin.
Petit déjeuner, rangement du bardas, aération de la tente. Ah, une note que je n'oublierai pas les jours suivants : ne jamais laisser la tente ouverte sans surveillance ! Un jeune intrus a voulu voyager avec nous... Jaeger ne l'a pas vu ni touché, tant mieux. Les crapauds sont toxiques pour les chiens.
Roméo a des traces de frottement derrière les coudes, au niveau de la sangle. Je culpabilise. La selle et la sangle sont à Ballotine. Elle est plus mince que Roméo et sur lui, les boucles de la sangle sont trop basses. J'aurais dû en emmener une plus longue. Surtout que je m'étais fait la réflexion avant de partir. Dans l'immédiat, j'applique du miel et je double avec des morceaux de "moumoute" que j'avais emmenés "au cas où". On va surveiller aujourd'hui.
Je prends la route pour rattraper le GR dans quelques kilomètres. C'est bizarre, les choses que je vois ne figurent pas sur la carte IGN. On continue d'avancer et je cherche des repères. On passe sous la route que j'étais sensée traverser. C'est marrant, sur la carte il n'est pas indiqué de pont... Ce rond point non plus, elle n'est vraiment pas à jour.
Le cimetière n'y est pas...

Et merde. Je suis partie dans le mauvais sens. Je pensais avoir dormi au bord d'une route, j'ai en fait passé la nuit sur la route perpendiculaire. 90° et un sacré détour. Carte à la main, j'essaie de trouver comment ne pas trop se rallonger.

Et voilà. Moi qui avais quitté le GR pour éviter de marcher en ville, je me retrouve dans le centre de St Nicolas de Redon. Pas loin du GR mais à l'opposé de ma destination. Bravo la grande. On quitte la ville le plus vite possible.

De jolis chemins en petits villages, nous finissons par atteindre le GR. Le chemin est agréable mais longe plusieurs fois la voie ferrée. Comment vont réagir les doudous ? Lorsqu'elle est vraiment proche, je rattache Jaeger.

Un TGV (je crois) passe à quelques mètres de nous. Je vous ai déjà dit que mes ânes sont géniaux ? Je m'arrête, leur montre, et au train suivant ils ne bougent même pas une oreille. Ils ont un mental au top, j'en reste admirative chaque jour.

Une jolie chapelle dans un mignon village, un chemin bien herbeux où je ne résiste pas à la tentation de faire une petite pause. On a pris du retard mais on a le temps. La pause de ce midi sera juste plus courte que prévu avec le trajet initial.

Le chemin est agréable aujourd'hui.
Roméo, qui n'a pas peur des trains, devient totalement idiot à la vue de gros cailloux sensés empêcher les véhicules d'aller sur les chemins. Je le laisse se débrouiller, il est en liberté, il gère lui-même sa façon de faire.

Plus loin, une flaque d'eau barre le chemin. Ballotine, qui je pense dormait en marchant, se réveille lorsqu'elle a les antérieurs dans l'eau. Elle s'arrête. Les côtés au sec ne sont pas larges, elle ne veut pas y aller. J'espère qu'on ne va pas rester coincés trop longtemps.
Ma grognon se décide enfin à avancer. Pas avec le sourire, non, mais elle passe. Elle qui déteste encore plus l'eau que n'importe quel autre âne... Grosse récompense !

Il commence à faire chaud. On rejoint l'étang d'Aumée pour faire la pause déjeuner. J'attache les ânes "au piquet", les décharge, et Jaeger va piquer une tête. La petite plage le rend fou. Ce n'est pas un chien de berger, c'est un chien d'eau.

Je discute avec plusieurs personnes, je prends mon temps, j'ai mal aux pieds. On a fait 5km de détours...

Bon sang, ça monte ! Je me suis écartée du GR, volontairement (et toc), je visite. Les chemins sont variés, mais de manière générale... On trouve toujours des côtes !

Fégréac n'est plus très loin, ce soir nous ferons notre seul bivouac "sauvage" de ce petit périple.
Mon chéri va venir nous rejoindre pour picniquer ensemble ce soir. Je lui donne une liste de choses à m'emmener, notamment mes vieilles chaussures usées. Je ne veux pas continuer avec celles-ci, elles ne me conviennent pas, pas la peine d'insister. Et si je veux sauver ce qu'il reste de mes pieds, il faut réagir maintenant.

La traversée d'un petit hameau charmant nous mène au bord du canal de Nantes à Brest. Un couple en balade est charmé pas mes ânes, conquis par Jaeger, et me demande si j'ai besoin de quoi que ce soit. Beaucoup de gentillesse de la part de gens qui ne m'ont jamais vue, c'est touchant.
On atteint le lieu sur lequel je vais passer la nuit. Un grand espace entre le canal et l'Isac, de l'herbe, du calme. Enfin calme lorsque les promeneurs auront rejoint leurs pénates. Encore beaucoup de papotage, et de gratouilles pour les doudous.
Il doit être 17h30, trop tôt pour monter le camp. En attendant, j'attache les nânes.

Ballotine me montre son mécontentement en se roulant et s'emmêlant dans sa corde plusieurs fois de suite. Je crois, en fait non, je suis certaine qu'elle fait exprès. L'attache, elle connait très bien. Elle ne s'emmêle jamais, elle a l'habitude. Mais madame a droit à une rando de luxe avec des parcs tous les soirs alors madame ne veut pas être attachée.
En attendant de pouvoir leur faire leur enclos, je trie. Ma décision est prise : Roméo continuera sans chargement, sans selle. Les frottements sont devenus des petites blessures, et ça ne vaut pas le coup de le laisser chargé coûte que coûte. Une rando plus longue, j'aurais cherché une solution. Mais là, le jeu n'en vaut pas la chandelle.
Je prépare des sacs d'affaires dont je me débarrasse. Effectivement, décharger Roméo ne veut pas dire charger davantage Ballotine. Je trouve finalement beaucoup de choses inutiles. Je sacrifie mes tablettes de chocolat et mon thermos, fini le café le midi. Je ne mange pas toujours le midi, j'ai donc de la nourriture d'avance dont je peux me débarrasser. Du matériel qui ne me servira sûrement pas, ou que je peux remplacer par autre chose.
Ce qu'il y a en trop ira dans mon sac à dos. Tri efficace, Titine aura même moins qu'au début.

Je suis en train de mettre mes doudous dans leur parc quand mon chéri arrive.
Il a apporté un peu de foin pour eux, ils se jettent dessus et le dévorent en quelques minutes. Ballotine a droit aux méga gratouilles du chef, elle est en transe. Jaeger est gâté aussi, une belle gamelle de viande fraîche l'attend ce soir. Merci "papa".
Je termine de monter ma tente et nous nous mettons à table. Son picnic est super, je rattrape mon manque de soda et de mayo. Et le pain frais... Une chose toute bête dont j'ai du mal à me passer.
Nous passons une très bonne soirée en amoureux. Ne vous faites pas de films coquins les amis, je rappelle que ma dernière douche était dimanche soir...
Lorsqu'il repart, la voiture chargée, je fais les soins à Roméo. Hormis ces frottements, les deux doudous n'ont aucun souci. C'est top. Leurs pieds sont nickel, je suis contente.

Jaeger rêve de sauter dans l'eau : nous sommes entourés de ragondins énormes, j'ai intérêt de bien protéger mon matériel, dehors. On entend divers animaux se réveiller avec la tombée de la nuit. Certains cris me sont totalement inconnus, il y en a un que je n'ai toujours pas réussi à identifier... Cela ne m'empêche pas de passer une excellente nuit reposante, mon chien blotti contre moi et les ânes au pied de la tente...
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