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J7, 19 avril 2019. De Guenrouet vers Blain

  • Photo du rédacteur: Jaeger & Compâgnie
    Jaeger & Compâgnie
  • 5 juin 2019
  • 6 min de lecture

Dernière mise à jour : 23 août 2020


Cette nuit, j'ai dormi comme une masse. Quand je me lève, Fred a déjà sorti ses chevaux, prête à partir travailler. On discute un peu, je la remercie encore de nous avoir accueillis.

Ma cheville a doublé de volume ce matin. Et quand je dis doublé, ce n'est pas une image. La douleur en prime.




Bon... un peu moins de 20 km à faire, on va y arriver hein... J'espère.

C'est notre dernier jour, je connais les 5 derniers kilomètres, ils risquent d'être très longs. Quand on a une difficulté sur un terrain inconnu, on avance sans réfléchir, en passant outre.

Quand c'est un chemin connu, c'est différent. Enfin pour moi en tout cas. À chaque pas, je sais où je suis, je sais ce qu'il reste à parcourir, je ne pense qu'à chaque endroit où je vais passer. Encore ça. Et ça. C'est très long lorsque notre esprit calcule tout. De toute façon, pas le choix.

On part doucement. En quittant le terrain de nos amis, la petite chienne d'un voisin lui échappe, elle vient courir entre les sabots de mes loulous. Je n'aime pas trop ça au démarrage. Le matin, il leur faut quelques minutes pour trouver leur place, pour avancer dans l'ordre et la discipline. Heureusement, ils sont instantanément cool. Un coup de pied aurait été fatal pour la petite chienne. Le monsieur est embêté, je ne lui en veux pas du tout, sa puce est juste contente de dire bonjour. Je l'aide à la récupérer, mais elle lui échappe à nouveau et vient nous rejoindre. Hop, demi tour et on lui ramène. Elle est rigolote, et on est tous de bonne humeur alors...




On reprend le chemin de halage. À chaque kilomètre, les bornes nous rappellent que l'on a bientôt terminé cette aventure. J'ai hâte pour ma cheville, mais je n'ai pas envie d'arrêter. J'ai hâte de retrouver ma petite famille, mais je n'ai pas envie de reprendre ma routine. Mes pensées divaguent... Quand je serai grande, je ferai un long voyage. Enfin... Quand mes enfants seront plus grands. Je ne me vois pas les "abandonner" plusieurs semaines à leur âge. Ou alors, je les emmène... Pourquoi pas. Mais il faut qu'ils grandissent un peu. Pour en profiter pleinement.

Nous avançons assez bien malgré l'humaine handicapée. Je reprends ma mauvaise habitude de calculer notre allure, l'heure d'arrivée à tel ou tel endroit. Pourquoi mauvaise habitude ? C'est bien de savoir à peu près où nous en sommes, non ? Oui mais moi, c'est obsessionnel. Je ne sais pas pourquoi mais je focalise sur le timing. Pas uniquement en rando. Non, tout le temps. Du matin au soir. Tant de minutes pour faire ci ou ça. Tant d'heures entre ça et ça. On va dire que c'est une bonne chose pour mon travail. Votre car est à l'heure messieurs dames ! Mais au quotidien franchement... c'est inutile.



Toujours est-il que pour manger ce midi, je pourrai peut-être m'arrêter chez ma maman, ça me permettrait de faire un bisou à mes enfants qui sont chez eux en vacances avec ma nièce (vous vous souvenez, Marion, le premier jour). Calcul, message à maman et Guy qui ne seront finalement pas là le midi. Pas grave, je les attendrai ! Qu'ils profitent de leur sortie restaurant tous les 5 , je ne suis pas pressée (et j'ai mal !).



Je commence à apercevoir le port de Blain. Avant le port, un passage avec pavés et barrières côté canal, pour passer sous une route... C'est assez large mais avec les nânes, on ne sait jamais. Bon, si ça ne passe pas, on peut contourner facilement. Ballotine n'aime pas les pavés, en général il faut la forcer. Et Roméo bah... Je me rends compte qu'il ne connaît pas encore !



J'applique ma technique des passages "probable blocage" : je marche mine de rien, comme si je n'avais pas vu quoi que ce soit, regardant droit devant moi.

Alors comment dire... rien à foutre ! Titine a utilisé le mode pilote automatique, elle a posé ses pieds dessus avant de quand même baisser le nez pour regarder, et c'est tout. Voilà.

Roméo s'arrête une seconde, regarde le sol, regarde Ballotine devant lui, regarde le sol puis... marche dessus comme si de rien n'était. Je me demande, à ce moment-là, ce qui pourrait bien le perturber celui-là. Ça se trouve il a en fait 20 ans et est un ancien ans de randonnée. Il est terrible.

On traverse ensuite une route assez fréquentée par les poids lourds, et on est sur le port. Vue sur le château sur l'autre rive. Pas mal de gens dans les restaurants du port, on est l'attraction ! Quand il y a beaucoup de gens comme ça, mais personne qui nous parle directement, je suis vraiment mal à l'aise. Je me la joue "j'ai mal nulle part", Jaeger marche au pied, les nânes font les stars et on se casse !

On passe le port, je m'arrête discuter avec des marcheurs qui, pour leur chargement, on pris l'option chariot. Ils ne peuvent pas encore me dire ce qu'ils en pensent niveau pratique, stabilité et fatigue, ils sont partis ce matin. Au moment où j'écris, ils doivent s'être bien rapprochés de Compostelle, je suis curieuse de savoir si c'est avec ou sans leur chariot.

Pendant que j'échange avec eux, je vois une maman et son fils de 8 ou 9 ans qui nous regardent. Enfin, qui regardent les ânes, en se mettant en retrait. Je leur souris et la maman vient vers moi. Son fils rêve de caresser les doudous, mais n'osait pas demander. Il est servi, surtout avec Roméo qui adore les câlins, et qui est toujours attiré par les enfants. Ce ne sont même plus des caresses, ce sont de vrais gros câlins. Je pense que ce petit garçon serait bien venu avec nous. Il m'a beaucoup touchée... Sa maman a fait une photo souvenir, et ils connaissent la personne qui loue des ânes et organise des balades pas très loin, il pourra en câliner plein d'autres.



Encore quelques kilomètres, un couple de personnes âgées est très ému de voir les doudous. J'ai l'impression que ça leur rappelle un temps où les ânes faisaient partie de la vie des familles, où ils participaient au bon fonctionnement des travaux. Je crois entrevoir des larmes dans les yeux du monsieur. Une rencontre très brève mais très forte.

J'en oublie ma cheville, je poursuis le chemin en essayant d'imaginer ces gens, plus jeunes, qui ont sûrement toujours vécu par ici, travailler leurs terres en compagnie de ces merveilleux longues oreilles.



Dernière écluse avant d'arriver chez papi et mamie. Trois ânes y sont installés, on les voit par là toute l'année. Cette fois, ils sont sur la rive opposée et ont l'air outrés de voir d'autres ânes se faire caresser sur leur territoire. Ils sont mignons, l'un est bouchard, une ânesse a l'air pleine, prête à exploser. Il faudra que je revienne faire ma curieuse.

J'arrive assez tôt (par rapport à l'heure calculée...), ils ne sont pas revenus. Pas grave, j'attache les loulous au pied du fil à linge, et je me pose sur la terrasse. Il font une sieste et baptisent la pelouse, je ramasserai avant de repartir.



Quand ils arrivent, mes enfants sont super contents... de retrouver Jaeger et les ânes ! Ah, et maman quand même finalement.

Ma mère, mes enfants et ma nièce décident de venir marcher avec nous un petit peu. Les monstres sont ravis. Thibault prend Roméo, Pauline prend Ballotine, et Marion prend Jaeger. Si ma soeur (sa maman) me lit : il lui faudrait un chien ! Elle adore... Et non, ne t'inquiètes pas, on ne compte pas lui en offrir un en douce.



Au moment de se séparer, Marion décide de continuer avec moi jusqu'au bout. Je la ramènerai en voiture une fois que les loulous auront retrouvé leurs quartiers.



Jaeger continue donc en laisse, tant pis, mais elle tient tellement à le promener. Je la préviens que plus loin, il y a un passage sur le halage fait de 3 ou 4 planches de bois. Et qu'il faudra sûrement être patientes. La dernière fois que je suis passée par là, je n'avais que Ballotine, c'était début août. On ben était que quelques balades et elle n'a jamais voulu passer. La galère ce jour-là ! On voit le progrès lorsqu'elle passe ce petit obstacle sans même le regarder. Ça nous fait rire quand Roméo renâcle devant ces trois planches et nous rejoint la tête haute.


Plus qu'un passage délicat à traverser. Un endroit où le canal se déverse dans l'Isac lorsqu'il est trop plein. Un laaaaarge passage en pavés des deux côtés, un petit pont en grille métallique au milieu. Les pavés, c'est bon elle vient de le faire. Ça va aller.



Ah... mais les pavés sont sous l'eau. Merde.

Le seul autre endroit pour rentrer, c'est un gué. Impossible encore... un jour, mais pas déjà.

Va falloir forcer Titine. Elle est bloquée. Roméo, derrière, broute mine de rien.

Je bloque la longe en me servant des montants du pont, et je raccourcis au moindre centimètre d'avancée de ma louloute. On a l'impression que ça dure une éternité, il faut être patient avec les ânes, mais finalement... À peine 5 minutes de bataille et la voilà qui se lance et avance ! Qu'est ce que je suis fière d'elle ! Les pieds dans l'eau !

Son copain nous suit sans problème (il est épatant) en liberté. Encore un joli moment

pour clore ce périple !


Plus qu'une portion de route, qui se passe sans encombre, puis un chemin (et le palis en pierre que Roméo a encore sauté) et nous arrivons... Plus qu'à redescendre doucement de mon nuage. Et préparer la prochaine.

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