3 jours entre têtes de mules. Jour 1 : de l'idée au départ.
- Jaeger & Compâgnie
- 7 août 2020
- 7 min de lecture
Dernière mise à jour : 23 août 2020

C'est parti pour 3 jours à travers la campagne et sur le GRP (voir en avril 2019, je l'avais fait entièrement avec Ballotine et Roméo) en tête à tête avec la petite mule Sophie.
En effet, je pars bientôt pour le chemin de Stevenson avec Ballotine et Roméo. Chemin que j'ai prévu de faire avec eux deux. Mais je ne peux pas laisser Sophie toute seule, elle a vraiment du mal à rester sans copains. L'emmener ne serait pas raisonnable, 2 à gérer c'est déjà pas mal et surtout... On n'a pas eu le temps de tester les sorties longues à 3 paires d'oreilles. Les balades pas loin, c'est bien, mais rien à voir avec une rando !
Et en plus, je ne suis pas encore partie en vraie rando avec Sophie, je ne sais donc pas du tout comment elle se comporte. Je sais qu'elle a déjà randonné, j'ai constaté qu'elle aime ça et n'a pas peur de grand-chose mais... rien ne vaut une véritable mise sur le terrain.
Pour en revenir au chemin de Stevenson, je devais donc trouver une solution pour elle. C'est là que ma sauveuse apparaît : Julie, qui accepte de la prendre chez elle, avec des copains, le temps de notre absence !
La suite.... et bien moi et mes idées fantastiques, je me suis dit, tiens, si je l'emmenais à pieds ? La semaine qui précède le départ pour le Puy en Velay. Histoire d'être bien fatiguée avant... Mais bon, ça permettra non seulement de découvrir Sophie en rando, de voir ce qu'il y a à travailler mais aussi... ça évitera d'encore demander à Guy pour le transport !
Bien... 40 km par la route en voiture qui se transforment petit à petit en 70km à pieds histoire de bien profiter de jolis endroits. 2 jours ? Bof, trop juste. Aller, 3 jours !
Départ fixé le mardi 14 juillet de bonne heure, pour arriver le jeudi soir.
Super... plus qu'à lui essayer le bât. Même taille que Roméo, je lui attribue donc ce bât. Et comme il ne l'a porté qu'en balade, ça me permettra de tester le matériel en conditions réelles.

Il lui va, super, un peu de mal à la harnacher la première fois, comme je lui avais fichu la paix jusqu'à maintenant, mais malgré une sacré pêche au départ de cette balade, elle a l'air de connaitre ce genre de choses. Ça ne la dérange pas. Je teste aussi la mise à l'attache longue, pour les nuits, chose qu'elle connait mais n'a pas faite depuis longtemps. Et trop peur qu'elle s'échappe en pleine nuit avec la clôture. Toute seule, elle en est capable.


Le chargement sera imposant mais assez léger. Environ 15 kg en tout dans les sacoches. Pas de quoi fouetter un chat.
Plus qu'à voir ce que ça donne, et si après plusieurs heures de marche elle a autant la pêche que lors des balades...
Affaires prêtes, réveil programmé, on essayera de partir à 7h pour que la traversée d'une nationale à côté ne soit pas trop dangereuse !
Y'a plus qu'à !!!
Le matin du départ, elle se laisse préparer comme si on l'avait fait des centaines de fois. Je peux même peaufiner les réglages du matériel, c'est pratique.
Elle hésite un peu à partir, se tourne vers les copains puis se décide à me suivre.
Ballotine et Roméo courent de l'autre côté de la clôture, appellent, s'excitent un peu. Que l'on me dise que mes ânes n'aiment pas partir en rando tiens ! Ils savent très bien reconnaître un vrai départ, ils sont loin d'être bêtes... Votre tour viendra bientôt mes loulous !

Comme à son habitude, la mulette marche vite. Très vite. Moi aussi à la base, mais j'espère quand même qu'elle va finir par se caler. Enfin, c'est justement pour ce genre de réglages que j'ai décidé de partir à pieds avec elle. Pour cette première partie de matinée, on n'a que de la route. Des petites routes puis une traversée de nationale, très fréquentée, que je connais bien. C'est assez dangereux, ça roule vite, mais il est tôt et c'est férié.
Pour éviter un grand détour qui me permettrait de juste traverser en ligne droite, j'ai pu avoir l'autorisation d'avancer au plus simple puis passer dans un champ afin de me trouver en face de la route à rejoindre. Le champ vient d'être coupé, tout a été ramassé, aucun risque. À part les bordures non coupées, bien tentantes pour Sophie. Sympa, elle n'insiste pas. Heureusement car elle a une force ! Elle fait la même taille que mes ânes mais, sans mentir ni exagérer, elle a au moins deux fois plus de force qu'eux. La puissance des mules !

Quelques voitures et camions mais on parvient à traverser sans problème. À partir de ce moment, je me détends. Et oui, traverser cette route était un passage obligé mais aussi une grosse source de stress pour moi. Je l'emprunte en long en large et en travers matin et soir pour le travail et je sais à quel point elle est dangereuse. On souffle, petite route puis enfin sur un chemin. On passe dans des villages, devant des fermes, on croise tout type de véhicules et d'endroits "bizarres" et Sophie ne bouge pas une oreille. C'est dingue. Elle est juste un peu inquiète avec les vaches. C'est rigolo, comme si elle ne connaissait pas. Elle va vite être vaccinée , ici il y a des vaches partout !
On atteint l'hippodrome, en lisière de forêt.

Je regarde l'heure, on est vraiment très très en avance ! Je décide de faire une pause matinée en forêt pour, éventuellement, me faire un petit café. On s'arrête non loin d'un parking, je l'attache, elle se met à brouter puis... ils arrivent... 3 voitures avec chacune un van, déboulant sur le parking en faisant crisser les pneus pour dire qu'ils sont là (pauvres chevaux là-dedans !). Ça descend des voitures, ça claque les portières, ça balance les portes des vans contre les parois, ça parle calmement "putain il était temps d'arriver javais mal au cul dans la bagnole !!!". Ok, pas des randonneurs. Non, les Groseille en sortie...

Sophie, qui ne sait pas vraiment faire de pause, s'énerve. Trop de bruit, trop de parasites. J'essaie de lui remettre les sacoches, je la reprends en longe, mais les ploucs font trop de boucan. Elle essaie de s'en aller, résultat elle me traîne sur plusieurs mètres. Et les pechnos qui se marrent au lieu de me demander si j'ai besoin d'aide... J'avoue que je suis de plutôt très mauvaise humeur, j'engueule Sophie qui pourtant n'y est pour rien... Elle a du comprendre les choses car quand on est reparties, elle a été adorable. Désolée ma petite, on ne fait pas que des rencontres agréables...


On continue à marcher jusqu'à trouver un petit coin pour s'arrêter manger. Entre temps, sur un chemin que JE CONNAIS, on a le choix entre passer sur le chemin ou en haut du chemin. Bingo, mode blonde, je me lance sur le chemin. Qui est inondé 17 mois par an (oui, j'ai fait exprès d'écrire 17...). Alors évidemment, même si on est en juillet, c'est "humide" : j'ai de la boue jusqu'aux genoux et Sophie jusqu'aux jarrets, on s'enlise ! Elle est top ma mule, voyant dans quoi je nous ai embarquées, je la laisse décider. elle sort de cette m------ comme si de rien n'était ! Merci Sophie !!!
Il est urgent de s'arrêter, on va trop vite... On trouve un coin tranquille, il y a même une petite cabane, ça tombe bien il commence à pleuvoir !
Quand je regarde l'heure et ma carte, je me rends compte qu'il va falloir faire une longue pause. Si on continue comme ça , on sera arrivées à notre bivouac pour 14h. Hum. Beaucoup trop tôt ! Nous avons fait 25 km en un peu moins de 4 heures...
Sophie n'apprécie pas vraiment rester en place. Les premières minutes, elle s'énerve. Elle déborde d'énergie, elle n'a pas travaillé depuis des années, elle veut tout donner, tout le temps. Il va falloir qu'elle reprenne un rythme normal, avec du travail et des pauses. Elle commence à se poser un peu, mange, se calme. Quand je vois qu'elle s'impatiente, je la déplace. Inquiète au début, je suis un peu plus rassurée. Ça vient...




À peine une heure de marche, sur des petites routes et chemins agréables et nous arrivons à l'étang de Marsac sur Don.


Des jeunes, autour de leurs voitures, sont au milieu du chemin, musique à fond, parlent fort, boivent de grands verres d'eau (lol). Quand ils nous aperçoivent, ils éteignent la musique et ferment leurs portes pour nous laisser le passage. Sympas ! On se met à discuter, ils se prennent en photo avec Sophie, posent plein de questions, j'adore ! Chouettes rencontres inattendues. Désolée pour le pied sur lequel Sophie a marché par contre...

On s'approche de l'auberge où on va faire étape, comme j'avais fait il y a plus d'un an avec les doudous (Auberge de la Roche, Marsac sur Don). Qui je vois arriver en face ? Ma mère, Guy, et les enfants (les miens et ma nièce). Ahah, je m'en doutais !
Je vais avec eux jusqu'à l'auberge, vais prévenir de notre arrivée (d'ailleurs la mule passe sans problème sur une grille) et on descend dans le pré où on va dormir, Sophie au piquet et moi dans ma tente.

Le temps d'installer mes affaires, je laisse Sophie en liberté. C'est clôturé sur les côtés et au bout, une grande butte bien verticale. Erreur ! Un enfant passe sur le chemin en haut de la butte et la mule, qui adore les enfants, essaie d'aller le voir. La voilà qui se jette et escalade la butte comme un cabri ! Ça, on ne s'y attendait pas ! Je ne sais pas quoi faire, il y a des barrières en haut qu'elle ne parvient pas à franchir, je ne sais pas comment je vais la sortir de là. Petit coup de stress quand madame redescend ça, tranquillement, en s'appliquant. Les gens qui commençaient à s'attrouper là-haut se mettent à l'applaudir ! Bah tiens, ça c'est de la mule de compét !!!


Du coup, je sors le piquet, Guy m'aide à finir de l'enfoncer, je n'ai plus de force avec tout ça, et je l'attache. Dès qu'elle entend un enfant, elle tire pour y aller. C'est bien, elle les adore, mais il faudrait qu'elle se contrôle...
Il se met à pleuvoir. Katia et Régis, les propriétaires de l'auberge randonneurs eux aussi, nous offrent l'apéritif à l'abri mais avec vue sur la mule que je ne veux pas laisser sans surveillance pour l'instant. Ils ont prévu de faire le chemin de Stevenson, je viendrai leur raconter quand je serai revenue de ce périple...
Ma petite famille repart, la pluie ne se calme pas, jattends une accalmie pour pouvoir monter ma tente. La pluie a eu l'avantage de calmer Sophie, moins de promeneurs et l'abri d'un grand chêne l'a obligée à rester en place.
Quand je monte ma tente, la pluie s'arrête enfin et ma petite mule a enfin l'air de se détendre. Je peux même me permettre de la laisser seule pour aller prendre une douche bien appréciée après 30km à fond !

On va pouvoir dormir tranquillement pour être en forme demain !
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