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  • Photo du rédacteurJaeger & Compâgnie

GR70 Sur les traces de Modestine. 2 : en marche !

Dernière mise à jour : 8 sept. 2020



Un bon petit-déjeuner, une bonne douche, on discute encore longuement avec Guy et le propriétaire du gîte.

Le moment est venu de charger les 3 zoreilles. Ballotine et Roméo sont vraiment contents que je vienne les chercher. Ils aiment vraiment ça, ils savent exactement ce qui se passe, par contre ils ne savent pas encore tout ce qui nous attend. Moi non plus d'ailleurs ! La rando avec Sophie la semaine dernière m'a permis de retrouver mon organisation et mes réflexes, même si le premier jour, on met toujours un peu plus de temps à tout préparer. Et quand on reste plus d'une nuit à un endroit, on a toujours tendance à s'étaler un peu. Heureusement hier soir, en attendant que Guy et Fabrice reviennent, j'avais fait mon rangement. Du temps de gagné pour ce matin.



Petite photo des loulous avec monsieur Bringer, puis je vais regarder Fabrice charger Vérac. J'avais déjà vu sa mule quelques semaines auparavant mais à chaque fois, elle m'impressionne. Elle est immense ! 1m75 au garrot, mule de trait, je me dis que si elle s'énerve, ça doit déménager. Et que la phrase "on négocie avec une mule" est encore plus lourde de sens : si cette bête n'est pas d'accord, il vaut mieux discuter en effet. Essayer de la contraindre, ça serait ridicule, aucun humain ne fait le poids. Il vaut mieux avoir un réel rapport de confiance, quelle que soit la taille évidemment de toute façon.



À côté de ça, je suis quand même vraiment contente d'avoir des "petits" ânes et une petite mule, car porter les sacoches aussi haut ne me semble pas pratique. Et inutilement fatigant. Attention, ce n'est pas une critique, juste un aspect pratique vu par moi.


L'heure du départ a sonné. À l'aube : 9h30. Pas trop mal quand même pour un premier jour, même si en règle générale, j'aime prendre la marche avant 8h du matin. Je fonctionne comme ça : marcher beaucoup le matin, puis une grande pause le midi en déchargeant les loulous, en les laissant manger longuement et se reposer, puis repartir tranquillement et m'arrêter au premier lieu de bivouac sympa que je trouve. Sans pression l'après-midi.



Monsieur Bringer nous a proposé de nous accompagner jusqu'au départ du chemin de Stevenson. Il faut savoir que plusieurs GR partent du Puy-en-Velay, notamment le GR65, chemin de Compostelle. Il arrive régulièrement que des pèlerins démarrent sur le mauvais sentier... avant de s'en rendre compte et faire demi-tour.

Robert-Louis Stevenson a commencé son voyage au Monastier sur Gazeille. La partie qui part du Puy vers le Monastier a été ajoutée ensuite, afin d'attirer les touristes au Puy et pour des raisons pratiques niveau transport. Donc en partant du Puy, le chemin n'a rien d'historique en soi et le GR70 n'existe pas. Il faut suivre le GR430 jusqu'au Monastier.


Nous partons donc du gîte avec le propriétaire mais aussi Guy, qui veut nous accompagner et nous encourager en ce début de périple.

Monsieur Bringer nous fait éviter des portions de route, il connaît tous les petits chemins et autres raccourcis pour rejoindre le GR en toute sécurité.

Nous arrivons sur un large chemin, sableux, agréable et il nous indique qu'on a juste à continuer et que le GR est le prochain chemin à gauche.


On leur dit au revoir, on les remercie et on avance.

Il fait beau, les animaux démarrent très bien, en ordre et dans le calme, on est bien. Et on arrive au "chemin à gauche". Oh bordel ! On voit juste des grosses pierres et une côte... ouah ! On se regarde, on se demande s'il faut rire ou pas. On y est, la couleur est annoncée !




Avec cette côte, on s'est juste répété "Les 3 premiers jours sont les plus difficiles, après ça va. Les 3 premiers jours sont les plus difficiles, après ça va. Les 3 premiers jours sont les plus difficiles, après ça va..." Ahaaaaaah !

Les ânes et la mule doivent se demander s'ils ont raison de nous aimer, Merlin fait des allers-retours, malgré Fabrice qui lui répète d'arrêter sinon il va regretter.

Malgré tout, c'est agréable. Dans un large chemin, j'essaie de détacher Roméo, comme je fais souvent. Sauf que les champs autour ne sont pas clôturés, alors monsieur décide d'aller grignoter. Je précise, c'était un champ où le foin venait d'être coupé et ramassé, il n'a rien abîmé. Je vais le chercher et en passant par dessus une bande d'herbe, je me prends dans une pierre et je me casse la figure. Comme une patate, sur du plat ! J'ai tenu debout pendant toute la suite de ce périple, il faut que je tombe sur du plat. Ridicule. Mais morte de rire.





On marche jusqu'au village de Coubon, et à la sortie du village, on emprunte la route sur je ne sais quelle distance, en plein soleil, une côte en lacets dont on ne voit pas le bout ! C'est le piège avec ces virages : on croit qu'on est arrivés et... bah non !



Avant de tourner vers un chemin, on voit une dame arroser son jardin. Fabrice lui demande si elle aurait de l'eau, elle nous remplit des seaux ainsi que mes bidons et nous autorise à nous arrêter un peu sur un petit pré attenant. Une petite pause bien appréciée !




Pour en revenir à mes bidons. J'avais lu que sur certaines parties du chemin, il se passe quelques heures de marche, voire une journée, sans trouver d'eau. La plupart des villages ont une fontaine, mais quand on ne passe pas dans les villages... J'avais donc prévu, et je peux me le permettre car je marche avec 2 ânes pour une personne, deux bidons de 5 litres, chacun dans une sacoche de Roméo. Le reste de son chargement a été fait pour ne pas le surcharger avec les bidons plein. Autant vous dire que lorsque les bidons étaient vides, mon Roméo était loin d'un poids excessif ! Je ne pourrais pas faire ça en n'ayant qu'un âne.





On traverse un petit village, on fait boire les animaux à l'eau de la fontaine, Merlin y fait une pause rafraîchissante, on remplit nos bouteilles au filet d'eau malgré la petite affiche "eau non potable". Au gîte, il nous a dit qu'on pouvait boire dans ces fontaines, que les mairies faisaient surtout apposer ces affiches afin de ne pas être ennuyées si quelqu'un était malade pour une raison ou une autre. Les gens sont capables de boire dans une flaque et d'aller accuser la fontaine du village... Je ne vous dit pas qu'il faut boire l'eau de ces fontaines, chacun fait ce qu'il veut. Je vous dis juste qu'on l'a fait tous les jours et qu'on n'a jamais eu un seul souci digestif. ON EST DES MALADES ! Lol...


La dernière montée vers le Monastier est quand même pas mal... Un chemin en pierres, enclavé entre murets et barbelés, quelques arbres. Devant avec mes ânes, Merlin collé à Roméo, d'un coup j'entends Fabrice me crier "ça passe pas !". En effet. La mule s'est retrouvée coincée entre 2 arbres, la largeur n'était pas suffisante. Il a du enlever les sacoches et les échelles (qui soutiennent les sacoches sur son bât de l'armée suisse), en mode équilibriste, contorsionniste, alpiniste. Heureusement, sa mule, se voyant coincée, s'est arrêtée et a sagement attendu.

Épatante la fille, il faut savoir que c'est sa première rando. Je ne vais pas vous raconter la vie de Fabrice, il le fera s'il le veut (et dans ce cas j'ajouterai ce qu'il veut dire sur cet article), mais sa mule a 11 ans, il l'a récupérée il y a quelques mois (il l'a eue elle était toute jeune) et même s'il l'a éduquée dans sa jeunesse (débourrage etc) et a mis en place leur relation de confiance, c'est la première fois qu'elle travaille pour de vrai. Oui, n'en déplaise à certains, la randonnée bâtée, c'est un vrai travail pour eux.

C'est d'ailleurs comme ça que le projet ensemble a pris forme. Fabrice randonnait à cheval quand il était plus jeune (il y a donc des siècles ahaaaah), on parlait randonnée régulièrement, il me parlait de sa mule qu'il voulait bâter et un jour je lui ai dit "dommage la différence de taille et donc de vitesse avec mes ânes, sinon tu venais avec moi sur le Stevenson et elle aurait les miens pour la poser niveau "peur de rien , tranquilles on marche"."

Oui les gens, avoir des animaux qui ne paniquent pas à la moindre mouche qui décolle, ça ne se fait pas tout seul. C'est du travail d'avoir un animal zen en extérieur, qui reste calme en (quasi) toute circonstance, tous les randonneurs équestres vous le diront. Je ris toujours quand je vois des annonces de vente de chevaux reformés de plein de choses "idéal balade". Dans le genre, il ne sait rien faire, il est bon pour la balade. Ah ah ah... Ne vous faites pas avoir...

Mon petit gris, Iwok, petit cheval appartenant à Guy, qui m'a appris l'équitation de base, était un super cheval maitre d'école, il savait tout faire, partait en concours équestre sans bouger une oreille malgré ce qu'on peut trouver en concours (agitation, foule, musiques, voix dans les micros, autres chevaux plus ou moins excités... et j'en passe). Une gentillesse exceptionnelle, une éducation géniale. Un cheval exceptionnel que je n'oublierai jamais, croisement explosif (mère trotteur, père arabe), une beauté de 1m59... Un cheval que j'ai aimé et qui m'a marqué, mes 3 premiers galops, et les seuls que j'ai passés, on été faits avec lui. Parti à l'aube de ses 22 ans, dévoré de l'intérieur par les mélanomes, maladie des chevaux gris... Après lui, l'envie de monter à cheval m'a quittée. Enfin j'aime toujours autant les chevaux, mais je ne monterai plus jamais un cheval comme lui. Bref, vous êtes là pour lire notre chemin de Stevenson et vous devez vous demander pourquoi je me suis mise à parler de Iwok. Tout simplement parce que en extérieur... c'était une horreur 😂😂😂 Non seulement il avait l'air de ne pas aimer ça, mais en plus il avait peur de tout ! Tous les chevaux ne sont pas faits pour la rando. C'est du travail mais même avec du travail... ce n'est jamais gagné !

J'en reviens à nos moutons...

Quand Fabrice m'a répondu que l'allure, c'est rien, sa mule se cale sur son humain à pieds, c'était parti pour le projet de cette rando accompagnée !

Une fois Vérac libérée, on avance jusqu'en haut du chemin. Il y a un peu de randonneurs, on ne peut pas attacher les loulous pour aller récupérer les sacoches et les échelles, le chemin n'est pas assez large pour pouvoir permettre ça. Heureusement, une centaine de mètres plus loin, un chemin carrossable avec quelques arbres pour attacher les trois paires d'oreilles. Vérac n'est pas encore zen à l'attache, et je ne me sens pas capable de la gérer en cas de panique, elle ne me connait pas même si elle m'a vue plusieurs fois, je connais les ânes, ma petite mule Sophie m'a permis de connaitre les différences entre ânes et mules, même si sur la théorie je pense être capable de comprendre une mule, j'ai encore à apprendre et surtout... Verac ne me connaît pas ! Je fais donc au moins le premier voyage de récupération de sacoche. Bon, mine de rien on est loin ! Et les sacoches sont lourdes ! Précision tout de même... les deux sacoches de Fabrice font environ 20kg chacune. Avant de crier à la maltraitance, sachez que sa mule a une capacité de portage d'au moins 250kg sans forcer. En comptant ses sacoches, son bât, sa tente accrochée en haut du bât... elle atteignait à peine 100kg sur ce périple. Largement en dessous de ses capacités.

Bref, me voilà avec une sacoche à remonter quand un randonneur me propose de m'aider en prenant l'autre. Adorable ! Ce monsieur la porte sur environ 50 mètres puis la pose, il ne pouvait pas faire plus mais c'est déjà super sympa de l'avoir avancée ! On termine de tout ramener, les sacoches et les échelles, avec Fabrice et on repart !

Le chemin qui nous fait arriver au Monastier est magnifique. Malgré une barrière (pour le bétail) qui est à peine assez large. Puis... je passe avec Ballotine mais j'oublie que la barrière a un ressort pour se refermer seule et que... Roméo est attaché derrière ! Vérac passe "juste", enfin elle écarte un peu les piquets, que Fabrice remet en place évidemment.



Arrivés au Monastier, par une route pas très agréable, petit arrêt à la pharmacie pour les semelles de Fabrice, où on a la chance de pouvoir attacher les loulous, puis on avance en suivant le GR. Il serait pas mal de trouver où dormir, le camping n'accueillant pas les ânes (comme je vous disais dans le récit précédent, les ânes sont stockés dans un enclos communal dans le village, assez loin du camping). J'ai repéré sur carte les rives de la Gazeille, où il semble y avoir de la place.



En effet, il y a de la place. Mais c'est aussi une plage pour les vacanciers. Niveau discrétion, on aurait pu trouver mieux. Mais le terrain tondu à côté de cette plage et une friche juste à côté nous décident à rester. Cette friche, certains trouveraient ça assez rebutant. Pour nous et nos oreilles, c'est une aubaine, eau et nourriture à volonté ! On ne s'installe pas tout de suite, il y a du monde et il est assez tôt.





Quand on monte le paddock, entre ronces, chardons et orties, on se demande si les loulous vont s'entendre. En effet, ils n'ont pas encore été mis en contact comme ça.

Le fait d'avoir marché ensemble toute la journée leur a apparemment suffi pour comprendre qu'ils font partie de la même équipe. Pouvoir les installer dans le même parc dès le premier soir, non seulement c'est très pratique mais cela nous met aussi dans un état de satisfaction et de confiance incroyables pour la suite !



Une fois la foule disparue, on va se baigner ! Oh, en fait non... C'est qu'elle est froide !!! Je ne dépasse pas les genoux, le reste de la toilette sera faite de façon assez sommaire. Tant pis. L'aventure c'est l'aventure !


Un monsieur et sa femme, accompagnés de leur petite chienne, viennent discuter un moment. Ils sont au camping juste à côté et prennent le départ demain, comme nous, sur le chemin. On se revoir bientôt !


Une bonne nuit de sommeil, demain, on marchera réellement sur les traces de Stevenson et Modestine !



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