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  • Photo du rédacteurJaeger & Compâgnie

GR70 Sur les traces de Modestine. 5. Direction Pradelles

Dernière mise à jour : 22 sept. 2020


La nuit au lac a été tranquille, mais fraîche et humide. J'ai beau avoir les vêtements qu'il faut pour dormir, je suis, et serai, systématiquement réveillée vers 4h du matin, transie de froid. L'humidité rentre partout. Et comme on s'arrêtera toujours à un endroit qui permet de faire boire les animaux à volonté, on sera toujours dans des endroits humides.

Heureusement, pour bâter Roméo, je n'ai pas de tapis épais comme on peut voir en général (comme celui de Ballotine d'ailleurs, que je vous présente sur une vidéo). Le bât de Roméo comportant déjà une partie épaisse, pour lui je mets juste une couverture type armée (oui, pas une originale, je n'en ai pas trouvé, mais une copie conforme épaisse, en feutre), que je plie en 4 pour bâter. Et quand avant de partir je réfléchissais au duvet que je prendrais, je me suis dit que j'avais la couverture de Roméo pour parer au plus léger de mes sacs de couchage. Et moins de poids dans les sacoches. Randonner léger, ou ultra léger, je n'en suis pas capable. Mais par contre, un des principes de la MUL (marche ultra légère), c'est de ne pas emmener 2 choses ayant la même utilisation, et de mettre à profit chaque utilité de chaque chose afin de s'alléger le plus possible. Alors je ne vais pas jusqu'à couper la moindre étiquette sur mes vêtements mais si mon duvet léger (500g) associé à la couverture de Roméo (qui sera là quoi qu'il arrive) peut remplacer mon seul duvet épais (et lourd, 1kg3)... Le choix est vite fait ! Bon, je vous rassure, à 4h je me couvre, et je me rendors jusqu'à 6h. Même si de toute façon on ne part jamais à 8h, je garde mon heure de réveil habituelle en rando.

On fait le plein d'eau dans les sanitaires au lac, pas pratique de remplir bouteilles et bidons dans un petit lavabo ! Mais bon, déjà on a de l'eau...

On marche vers le Bouchet Saint Nicolas, la route qui traverse la commune est assez passante, les voitures roulent vite et pas mal de tracteurs.

Notre objectif : trouver la statue de Robert-Louis Stevenson ! En effet, le Bouchet saint Nicolas est la ville de sa toute première étape. Sa première journée, du Monastier au Bouchet fut assez folklorique (perte du chargement à Ussel, débâtages nombreux, rencontre avec un baudet et j'en passe). Il avait aussi pour objectif d'atteindre le lac du Bouchet mais sans doute fatigué de frapper Modestine, il s'arrêta dans une auberge.


La statue se trouve à la sortie de la ville. On fait les photos traditionnelles, que tout le monde fait, certainement. En repartant, je ne sais pas pourquoi, les larmes montent. Tellement longtemps que je veux faire ce chemin ! L'émotion me submerge...







Le chemin ensuite est agréable, même s'il est en plein soleil. Ça monte un peu mais finalement, on commence à prendre nos habitudes.





Arrivés à Landos, je fais boire les animaux, et des gens nous saluent. Apparemment, on a discuté hier au lac. Le souci, c'est que tellement de gens se sont arrêtés que je ne me souviens pas. Dans la ville, on s'arrête à la pharmacie pour Fabrice, stock de pansements et autres pour ses pieds, et moi je tiens les animaux, au milieu du parking. Je ne suis pas super tranquille, je sais que mes ânes attendent tranquillement mais pour la mule, je ne sais pas. Elle me connaît peu, n'a pas encore l'habitude d'être comme ça à attendre. Donc... Quand je vois ma p'tite Sophie qui n'a pas appris à rester en place et comment elle m'a trainée... Sophie fait 1m23 croisée ponette, Vérac 1m75 croisée jument de trait. Voilà quoi. Je gère mais jusqu'à un certain point, quand ce n'est pas mon animal, je ne suis pas rassurée : on sait jusqu'où ça peut aller quand il se passe quelque chose... Heureusement, tout le monde a été parfaitement sage.

Fabrice nous trouve à manger pour le midi, impeccable.


On repart de Landos, notre but du jour est Pradelles. Un peu de ruelles, des chemins sympas. Vers midi, on descend sur une route, un ruisseau passe sous la route, et de chaque côté, tout est clôturé avec 3 rangs de barbelés. Fabrice propose de s'arrêter pour manger. Mais à part une entrée de chemin avec rien, on n'a clairement pas la place d'attacher les 3 zoreilles, débâter les miens (j'enlève les sacoches des ânes le midi, comme j'enlève mon sac à dos) et les faire manger. Comme je vous ai déjà dit, le midi je fais en sorte qu'ils fassent une vraie pause avec à manger et à boire. Et même si on randonne à plusieurs, ça c'est une règle de base par respect pour les doudous. Et je peux vous assurer que, malgré des reproches que j'ai pu recevoir (fatigue, douleurs, autre ?) pendant cette rando je n'ai absolument rien fait comme je fais d'habitude. Je n'ai pas du tout randonné à ma façon. Et même si ça a été une super expérience, avec quelqu'un de chouette partageant certaines passions en commun, avec à peu près la même manière d'envisager la randonnée, quelqu'un qui contrairement à moi n'hésite pas à parler avec les gens pour trouver où dormir... Je préfère définitivement marcher seule, même si parfois je galère à trouver des bivouacs, vu que je ne vais pas vers les gens. Attention, je n'ai aucun regret, partager ce périple était vraiment sympa ! Bref, le seul truc que j'ai gardé de mes randonnées habituelles, c'est ça : le respect pour mes doudous en leur offrant une véritable pause à mi journée. Du coup, je demande à ce qu'on avance encore. On fait 1 kilomètre et on tombe sur un patou, assez con, sortant d'une propriété (à priori équestre vu les vans dans le terrain), qui se plante au milieu du chemin en grognant. Sympa, on peut pas contourner tout est clôturé autour du chemin...


Plus loin, un abri avec glacière, boissons fraiches et boite tirelire. C'est une super initiative. On prend ce qu'on veut et on laisse de l'argent dans la boite. Je m'offre un soda, ça me manquait ! Puis, à peine 500 mètres plus loin, un terrain en plein milieu du village avec table, un panneau et des petits arbres pour attacher les loulous, et... une fontaine ! Malgré le peu d'ombre, c'est exactement un endroit pour une pause. Les doudous peuvent manger, boire et faire une sieste. Et nous, on peut manger et remplir nos bouteilles. La famille avec la gentille ânesse passe devant nous, et le jeune papa nous dit qu'ils vont faire leur pause un peu plus bas.

On reprend la route, reposés, tranquillement, et en effet, en bas, sous le viaduc, on les retrouve, les adultes à une table, sur un terrain ombragé avec une caravane, les enfants se baignent dans la rivière. Endroit public ou privé ? Vu les barbelés et la barrière qui ferme l'entrée, je n'aurais pas osé. Peut-être un lieu arrangé avec le loueur d'âne ?


Déjà, quand on s'est rencontrés hier matin, ils étaient installés dans un pré clôturé, l'ânesse en liberté dans le champ. Champ certes fauché, mais champ où restaient des bottes de foin non ramassées. L'ânesse les aurait boulotées ? Ok, je suis sûrement vieux jeu, pas drôle, mais pour moi, une propriété privée c'est une propriété privée. Alors oui parfois ce n'est pas évident de savoir mais déjà, s'il y a du barbelé, ça donne un petit indice... Je peux jurer que si moi et mes ânes on s'installe sur une propriété privée... c'est que je pensais que c'était du terrain communal ! Ou alors que j'avais en amont l'autorisation des propriétaires.


On marche en marche, ça monte, on boit, les doudous boivent quand on trouve et un pseudo orage approche. Finalement, malgré la famille de randonneurs devant nous qui court à toute vitesse, on n'a qu'une averse, on continue sans trop de problème. Quelques kilomètres avant Pradelles j'en ai marre. Autant on a doublé la famille citée avant dans les côtes, autant il fait lourd et je n'ai pas envie d'entrer dans la ville sans savoir où on s'arrêtera.


Deux kilomètres avant Pradelles, on tombe sur une épingle du chemin qui laisse, entre les 2 parties du chemin, une grande place pleine d'herbe. Pourquoi pas ? Et puis, une bande d'herbe entre les virages du chemin ca ne doit pas être privé ? Ou alors, je ne vois pas trop l'intérêt... On a de l'eau pour les humains mais peu pour les doudous. À coté, un champ avec quelques génisses Prim'Holstein et.... une tonne à eau ! Avant de se décider, je regarde quand même, en grimpant sur la tonne, si y prendre de leau pour la nuit sera sans conséquence pour les génisses. Si pas assez, on avance ! Il y a 7 génisses, la tonne de 1000 litres est pleine..... on s'installe !!! Il est tôt, environ 17h, en temps normal j'attache les ânes et j'attend de sonder les environs. D'une, pour ne pas me faire remarquer, de deux si jamais l'endroit ne convient pas, je peux partir rapidement. Et si quelqu'un passe, je suis juste en pause et non pas installée pour la nuit. Fabrice monte sa tente, afin de pouvoir changer ses pansements. Du coup étant donné le peu de place pour laisser les zoreilles attachés, je monte le paddock à côté. J'attends pour déballer mes affaires. Une voiture arrive, j'entends mal, cachée par la tente de Fabrice mais en gros "qu'est-ce que vous faites là". Et ouais... le terrain est privé. Merde. C'est le propriétaire justement. Et celui des génisses. Fabrice dit une connerie, qui fait rire le monsieur, qui après nous autorise à rester là pour la nuit. Je l'entends encore me dire "tu vois, suffit de rigoler et on nous dit rien". Je suis d'accord, mais ma technique "suffit d'attendre avant de s'installer " marche aussi efficacement... jamais je n'aurais monté la tente ni le paddock aussi tôt. Le bivouac, dans les règles légales de tolérance, c'est coucher/lever du soleil. Pas 17h/10h mdr.

Le père de famille (l'ânesse et tout, vous vous souvenez ) passe et s'arrête discuter. Il aurait bien proposé de laisser ses chaussures à Fabrice (ils terminent demain) mais il repart sur Compostelle dans quelques semaines. Il suggère quelques techniques pour soigner, dont certaines que j'avais suggérées mais qui bizarrement n'avaient apparemment pas été entendues. Papotage dans lequel apparemment le moindre mot que je dis est ignoré, c'est vrai que niveau soins naturels ou hors circuit traditionnel je n'y connais rien ahahah (comprend qui pourra... mais apparemment c'était une discussion de mecs mdr) puis il rejoint sa famille pour une soirée au camping !

Quelques allers retours pour remplir les seaux des loulous, puis je monte ma tente et on se met "à table". On est un peu plus zen en cette fin de soirée, on papote mais on ne traîne pas, on a quand même bien marché et l'air était assez étouffant aujourd'hui Et l'absence de cours d'eau à proximité fait que je passe ma première nuit sans cette sensation de froid. Ça fait du bien !








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